Cet article est un résumé de l’épisode 20 du podcast Les couilles sur la table, animé par Victoire Tuaillon et qui aborde le sujet de la contraception masculine France v/s Royaume-Uni. Dans cet épisode, Victoire Tuaillon reçoit Cécile Ventola, autrice d’une thèse sur la contraception masculine.
Disclaimer : dans cet épisode on parle de l’homme en tant qu’homme cis hétéro. Cependant les méthodes de contraception abordées peuvent s’appliquer à toute personne possédant un pénis, quelque soit son genre ou son orientation sexuelle.
Je vous donne ici un résumé des points abordés durant cet épisode.
Petite histoire de la contraception masculine France v/s Royaume-Uni
D’après Cécile Ventola, la répartition actuelle de la charge contraceptive est une construction sociale récente. Elle est apparut avec la distribution des méthodes dites médicales.
Avant les années 50, la responsabilité de prévenir la grossesse était portée par les hommes, au travers de méthodes transmises de pères en fils. Une grossesse non désirée était considérée comme un échec de la part de l’homme.
La recherche sur la pilule contraceptive a été lancée par une initiative privée d’une militante féministe, qui cherchait d’autres moyens de contraception plus efficaces que ceux alors disponibles. Depuis, la norme sociale fait peser cette responsabilité sur les femmes. Cela explique en partie le manque d’intérêt réel des hommes pour la recherche sur le sujet. De plus, dans les études actuelles de recherches autour de la contraception masculine, on se rend compte que les attentes sont beaucoup plus élevées concernant les effets secondaires notamment. Par exemple de nombreuses pilules ont été abandonnées car elles avaient un impact sur la libido masculine.
Réflexion personnelle : C’est d’ailleurs intéressant de voir que la question de la libido sous contraception est un point important pour la recherche lorsqu’on parle de contraception masculine, mais pas le cadre de la contraception féminine. Cela nous ramène à l’idée qu’il serait normal que les femmes n’aient pas ou peu de libido. Que les femmes subissent la sexualité, alors que les hommes en sont acteurs et en ont besoin.
La contraception masculine France v/s Royaume-Uni : le cas de la vasectomie
L’invitée parle aborde également de la vasectomie et nous explique la différence de traitement de cette méthode entre la France et le Royaume-Uni. Dans ce pays, les taux de vasectomie sont beaucoup plus élevés qu’en France. Cela s’explique notamment par le fait que la vasectomie est systématiquement présentée aux patient/es qui consultent pour trouver un moyen de contraception. Les anglais sont donc beaucoup plus au courant de l’existence de cette méthode, ce qui favorise les demandes d’opération. En France en comparaison, cette méthode n’est jamais proposée, ni par les gynécologues, ni par les médecins généralistes.
Le poids de la culture dans les différences de contraception masculine France v/s Royaume-Uni
Elle nous explique également que la France reste un pays nataliste où l’on encourage encore les naissances. Les médecins sont très peu formés sur les méthodes de contraception (4h de formation en moyenne pour les médecins généralistes) et ont tendance à proposer des méthodes selon l’âge et selon le « diagnostique » qu’ils effectuent plutôt que de présenter toutes les méthodes existantes à leur patient/es.
De plus, la représentation que les médecins ont vis à vis d’une méthode à un impact important sur sa prescription en France. En effet, si un médecin ne désirait pas la vasectomie pour sa propre personne, il aura tendance à ne pas la proposer à ses patient/es. Dans le même cadre, les médecins femmes ont tendance à considérer qu’on ne peut pas faire confiance aux hommes pour la contraception et dans ce cadre, elles ne proposent pas non plus la vasectomie ou toute autre méthode qui dépendrait du porteur de pénis.
Enfin, la différence culturelle explique aussi beaucoup les différences entre la France et le Royaume-Uni. La France de tradition catholique, a eu plus de difficulté à accepter l’utilisation de la contraception, qui est prohibée par la religion. Alors qu’au Royaume-Uni, la religion anglicane n’a jamais présenté la contraception comme un péché. De plus le pays n’a jamais eu de politique nataliste, mais au contraire une vision plutôt eugéniste au cours de son histoire (encourager les naissances des classes élevées et décourager les naissances chez les classes populaires).
La pilule masculine pour bientôt ?
En fin d’épisode, Cécile Ventola revient sur les autres méthodes de contraception disponibles : le remonte-couilles (ou slip chauffant), le Vasalgel (méthode longue durée et réversible de contraception interne qui consiste en un gel injecté dans les canaux déférents pour fragiliser les spermatozoïdes) ou encore les injections de testostérone à visée contraceptive (pratiquées par seulement 2 médecins en France).
Finalement, pour cette invitée, changer le regard sur la contraception masculine devra passer aussi par changer le prisme de la sexualité. Car la sexualité ne se limite uniquement pas à la pénétration vaginale. Finalement s’ouvrir à d’autres pratiques, mais aussi éduquer à la sexualité pourrait permettre de facilité les prises de conscience et de responsabilité et finalement de faire changer les pratiques.
D’après ses observations au cours de ses recherches, elle a pu constater que les mentalités semblent évoluer rapidement autour du sujet de la contraception masculine. On peut donc espérer que dans un futur pas si lointain, le partage de la charge contraceptive dans les couples hétérosexuels sera une évidence.