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L’hyperfertilité : un diagnostic encore tabou

Dernièrement, j’ai eu le plaisir de discuter avec Sophie, dans le cadre de l’enregistrement d’un épisode de podcast (bientôt disponible).

Nous avons pu discuter de son parcours, de ses grossesses non désirées et surtout du fait qu’aucune contraception ne fonctionne de manière efficace pour elle.

Malgré les suivis gynécologiques, les changements de contraception et les IVGs à répétition, le corps médical pointe encore et toujours sa responsabilité, à elle. Jamais les médecins n’ont remis en question le procédé habituel ou les méthodes de contraceptions utilisées.

C’est suite à l’accouchement de son deuxième enfant, qu’une sage-femme lui parle d’hyperfertilité. C’est le déclic.

Qu’est-ce que l’hyperfertilité ?

Du point de vue du vocabulaire, l’hyperfertilité évoque le cas d’une personne qui serait plus fertile que la « norme ». On évoque souvent l’hyperfertilité pour parler de personnes possédant un utérus et pouvant tomber enceinte malgré la prise d’un moyen de contraception. Il est à noter que l’hyperfertilité peut aussi concerner les personnes ayant un pénis. Cependant elle est plus difficile à déceler.

Evidemment, on sait que les moyens de contraception définitifs ou non, ne sont pas efficaces à 100%. L’implant et le DIU au cuivre, présentés comme les moyens de contraception les plus efficaces par questionsexualite.fr (mis en ligne par le gouvernement), leur donne une efficacité pratique de 99,9% et 99,8% respectivement. Ainsi, entre 1 et 2 personnes sur mille tomberaient donc enceinte malgré l’utilisation optimale de ces moyens de contraception.

A quel moment parle-t-on d’hyperfertilité ?

Bien entendu, toutes les personnes qui tombent enceinte malgré l’utilisation correcte de leur moyen de contraception ne sont pas hyperfertiles. On tend à parler d’hyperfertilité lorsque ce schéma se répète encore et encore pour une même personne, malgré des changements de contraception réalisés sous suivi médical.

Car en effet, si chacun/e peut être intolérant/e ou moins bien réagir à une contraception, pour certaines personnes il semble qu’aucune contraception ne soit efficace AT ALL.

C’est par exemple le cas de Sophie, qui a témoigné à mon micro. Elle a essayé l’implan, le stérilet, diverses pilules , le préservatif et malgré tout est tombée enceinte à de très nombreuses reprises.

Diagnostic de l’hyperfertilité

Pour l’instant, en France, l’hyperfertilité n’est pas une condition médicale reconnue. Il n’y a donc aucun diagnostic déposé pour les personnes souffrant de grossesses répétitives sous contraception.

En faisant des recherches, j’ai trouvé une réflexion intéressante : « … l’hyperfertilité n’est pas une condition médicalement reconnue. Elle n’a fait l’objet d’aucun travail de recherche ou d’aucune recommandation médicale. Et pour cause : cela équivaudrait à admettre que tomber enceinte naturellement relève de la pathologie. » Source Passeport Santé.

Le fait d’être hautement fertile n’est donc pas considéré comme un problème. Pourtant, il existe des études, prouvant que l’hyperfertilité augmente le risque de mort en couche, ou de naissances de bébés mort-nés. (Etude Hyperfertility, obesity, and stillbirth: new considerations for clinical practice, Louis G. Keith, MD PhD DS, Tawanda Ngorima, BSc, and  Olha M. Tsar, MD, May 2009)

Malheureusement il y a très peu d’études concernant l’hyperfertilité. L’étude citée ci-dessus, est basée sur des données statistiques provenant du Centre National pour les Statistiques de Santé des Etats-Unis et collectées entre 1989 et 2000. Les autres, et seules études auxquelles j’ai pu avoir accès, concernent les conséquences de l’hyperfertilité au niveau social plutôt que médical. Pour une raison que j’ignore, la plupart de ses études se concentrent sur le continent africain.

L’hyperfertilité, un problème qui ne semble pas concerner le corps médical, ni l’Etat

Quand on s’intéresse à la stérilisation volontaire et/ou au non-désir d’enfant, on sait à quel point ces sujets sont tabous. Et pour cause, les naissances et la reproduction, en général, sont portés aux nues, autant par le corps médical que par les gouvernements. S’il est hors de question de retirer à une personne sa possibilité d’enfanter, pourquoi considérer le fait d’enfanter plus que la moyenne, comme un problème ?

Pourtant, l’hyperfertilité est un problème pour les personnes qui en souffrent. Elle peut avoir des conséquences sur la santé de la personne. Les grossesses à répétition, surtout si elles sont portées à terme, peuvent entraîner de grave problèmes de santé, et même parfois la mort.

Mais l’hyperfertilité est aussi une source de détresse émotionnelle et psychologique. On le dit et on le répète souvent, personne ne réalise une IVG par gaieté de coeur. Devoir recourir à des IVGs de façon régulière peut entraîner de lourds traumas pour la personne qui les subit. Auxquels s’ajoutent les jugement du corps médical, la difficulté d’accès à l’avortement dans certaines régions, et finalement la perte de confiance envers le corps médical.

Par exemple, pour revenir au cas de Sophie, elle nous explique dans le podcast qu’elle a développé une attitude d’évitement envers le corps médical. A force d’être confrontée à des médecins qui la jugent et ne croient pas sa version (que non elle n’avait pas oublié sa pilule), elle a perdu confiance en eux. Cette attitude d’évitement pourrait se traduire sur le long terme par le développement de problèmes de santé qui ne seraient pas traités à temps.

En effet, quand on attend qu’un problème soit trop grave avant d’aller voir le médecin. Ou si on évite d’avoir un suivi médical pré et post grossesse, on s’expose nécessairement à des conséquences qui pourront être plus ou moins graves. Mais peut-on vraiment blâmer une personne parce qu’elle a perdu confiance en un organisme de santé qui la traite de menteuse et la considère systématiquement comme responsable de sa condition physique ?

Des perspectives pour traîter l’hyperfertilité

Comme nous l’avons vu, l’hyperfertilité est un sujet qui n’est pas ou peu étudié. Pourtant, s’il était traité, il pourrait permettre de découvrir de nouveaux moyens de contraception, plus efficaces. Il permettrait d’améliorer la vie de milliers (peut-être de millions) de personnes hyperfertiles.

Il permettrait de réduire le taux de mortalité en couche de ces personnes et le taux de mort-nés.

Pour le moment, la seule perspective de traitement, pour les personnes qui souffrent d’hyperfertilité reste la stérilisation. Mais cette méthode contraceptive étant définitive, elle ne s’adapte pas à toustes.

La seule chose que l’on puisse faire pour l’instant, c’est d’en parler. Essayer de faire entendre nos voix, pour que l’hyperfertilité devienne un mot plus commun et qu’il aide des chercheureuses à s’y intéresser. J’espère que cet article vous aidera dans votre parcours si vous souffrez d’hyperfertilité ou qu’il vous aidera à aborder le sujet avec des proches.

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