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L’avortement ne devrait pas être politique 

L’avortement, ce droit universel et fondamental pour les personnes possédant un utérus a toujours été politisé, critiqué et remis en question. 

Pourtant, comme tout droit fondamental. Il ne devrait pas être politique, il devrait être inaliénable.

Avortement politique, quesako ?

Par avortement politique, j’entends qu’il ne devrait pas être questionné ou débattu. Ce devrait être un non sujet. Tout comme on ne débat pas du droit de se couper les cheveux ou de la légitimité à se faire arracher une dent. 

Pour comprendre pourquoi l’avortement ne devrait même pas être débattu et pourquoi il devrait être considéré comme un droit naturel. Il faut le remettre dans son contexte. 

1- Le rendre illégal n’empêchera jamais pas les personnes possédant un utérus d’avorter

Les grossesses non désirées ont toujours existé et depuis que l’humanité comprend le fonctionnement du corps, l’avortement s’est développé. Qu’il soit mécanique, chimique ou médicinal, les personnes à utérus ont parfois besoin d’avorter et si elles ne peuvent pas le faire légalement, elles le feront en cachette. Souvent au péril de leur vie. 

La légalisation de l’avortement permet d’apporter un suivi médical aux personnes qui ont besoin d’avoir recours à un IVG. En ayant accès à un avortement sain, elles évitent les complications. Interdire l’IVG, c’est augmenter le nombre de décès accidentels suite à un avortement clandestin, réalisé dans de mauvaises conditions.

2- On n’avorte pas comme on irait au marché.

L’avortement n’est jamais considéré comme une méthode de contraception régulière. Il est envisagé comme une solution d’extrême urgence lorsque la contraception a échoué ou lorsque la grossesse est inattendue. 

On ne choisit pas une IVG par gaieté de coeur. On y réfléchit, on prend le temps. Et si on le choisit, c’est toujours pour une bonne raison. Nous ne sommes pas toujours prêt/es pour un enfant et c’est légitime.

L’IVG laisse une trace chez toute personne qui y a recours. Il laisse souvent des questions qui resteront non résolues et parfois des séquelles psychologiques. C’est un acte médical qui présente des risques. Personne ne le choisit par facilité. 

Alors non, on ne choisit pas de se faire avorter « tous les 4 matins ». Si on le fait c’est parce que c’est l’unique solution adéquate pour nous à un instant donné. Il est donc incroyable de penser qu’autoriser l’avortement entraînerait une augmentation de ces derniers. Raisonner ainsi, c’est penser que si on autorise le fait de se couper le bras, alors tout le monde se fera couper un bras. Ça n’a pas de sens !

3- Dans les pays où l’avortement est légal, la plupart des personnes y ayant recours sont des personnes sous contraception

Les faits le démontrent, dans 2/3 des cas, les IVG sont effectuées par des personnes contraceptées. Actuellement aucun moyen de contraception n’est 100% efficace. 

Par exemple la pilule présente un taux d’efficacité de 93% pour une utilisation typique. Donc techniquement sur 100 personnes qui prennent régulièrement la pilule, 7 auront une grossesse non désirée. C’est énorme au fond, si on ramène cela à la population d’un pays entier. Par exemple, en France, l’échec de pilule concernerait plus de 2 millions de personnes (si on considère que toutes les personnes possédant un utérus se contraceptaient avec la pilule).

Ajoutons à cela le cas des personnes dites hyperfertiles, pour qui aucune contraception ne fonctionne. Ou alors le cas des personnes qui ne supportent pas la contraception hormonale ou le stérilet et doivent se contenter du préservatif (85% d’efficacité). 

Au delà des personnes contraceptées, une grossesse non désirée peut aussi survenir dans un cadre plus traumatique, en cas de crime sexuel notamment. 

Finalement, quelque soit la raison et quelques soient les circonstances, il n’y a pas de mauvaises raisons de vouloir un avortement. Chaque être humain connait son corps et ses besoins à un instant T. 

4- Par nature, nos connaissances sont liées à notre corps physique.

Tout ce que je connais (sensation, pensées) sont propres à moi-même et uniques. Je ne peux pas ressentir ou voir le monde comme le ressent l’Autre, parce que ce n’est physiquement pas possible. Je ne peux donc pas comprendre la situation d’une autre personne. Je ne peux donc pas me mettre à la place d’une personne face à une grossesse non désirée. Son ressenti, à savoir si c’est le bon moment ou non (financièrement, matériellement, psychologiquement, relativement aux circonstances de la grossesse, du couple, etc) lui sont propres. Je ne peux donc pas prendre la décision pour cette personne. Je n’ai donc aucun droit de lui interdire d’avorter. 

5- L’avortement est naturel

L’avortement est souvent présenté comme un acte non naturel. Pourtant la nature nous prouve le contraire. 

Tout d’abord, prenons le cas des Interruptions Naturelles de Grossesse, aussi appelées « fausse couches ». Dans ce cadre, le foetus n’est pas viable ou le corps pas adapté et il met naturellement fin à la grossesse. 

C’est souvent une expérience traumatique, notamment si la grossesse était désirée. Mais c’est pourtant quelque chose de courant. 

Une IVG suit finalement la même démarche sauf qu’ici ce n’est pas le cadre physique qui n’est pas viable pour la grossesse mais le cadre matériel ou psychologique autour de la personne enceinte.

Pour illustrer ce concept, je peux vous présenter le cas des lapins. Les femelles possèdent un mécanisme d’auto avortement qui leur permet de mettre fin à une grossesse si le contexte extérieur ne leur permet pas de mettre bas sereinement (environnement stressant ou potentiellement dangereux pour les futurs lapereaux). 

Une interruption de grossesse, qu’elle soit naturelle ou non, n’a donc finalement rien d’anormale. 

6- Une partie des personnes qui se positionnent contre l’IVG n’en auront de toute façon jamais besoin 

A y regarder de prêt, une partie des opposant/es à l’IVG sont des personnes qui ne sont que peu, voir pas du tout légitimes pour se positionner sur le sujet.

Premièrement, combien d’hommes cis sont opposés à l’IVG ? Il semble pourtant que le sujet ne les concerne pas. Possèdent-ils un utérus et risquent-ils un jour de tomber enceinte ? Non ! N’ayant pas d’utérus, ils ne peuvent donc pas expérimenter, ni le fait de tomber enceinte, ni la peur de tomber enceinte, ni la charge mentale contraceptive.

Impossible donc pour eux, de se définir pour ou contre l’avortement. En tant que partenaire, dans un couple qui se retrouve face à une grossesse non désirée, on peut réfléchir, exprimer son ressenti et finalement définir si on se sent prêt ou non à assumer un enfant. Mais on doit aussi être à l’écoute, car dans un couple, si l’une des parties n’est pas prête à accueillir un enfant, il ne faut rien forcer.

Deuxièmement, il existe aussi des femmes cis qui se positionnent contre l’avortement. Souvent ces femmes, de droite ou d’extrême droite (attention je n’ai pas dis toutes les femmes), vivent dans des conditions qui leur permettent de ne pas avoir à envisager l’avortement comme une solution.

Soit parce qu’elles vivent dans des conditions aisées où elles ont un accès facile à l’information et à la contraception, ainsi qu’un suivi médical rigoureux. Soit parce qu’en cas de grossesse non désirée, leur mode de vie aisé leur permet de trouver des solutions pour prévoir l’après grossesse. Si l’arrivée d’un enfant peut être source de stress pour de nombreux couple : comment gérer le bébé, comment gérer le travail, comment payer la nourrice, l’école et toutes les dépenses qui vont de paire avec un enfant ; elles peut être beaucoup plus simples à figurer dans le cas d’un couple aisé. Lorsque les dépenses supplémentaires entrainées par l’arrivé d’un enfant ne sont pas un danger pour la stabilité financière d’un couple, on peut envisager plus sereinement une grossesse à terme. Lorsqu’on sait qu’on pourra toujours compter sur une nourrice, une baby-sitter ou même la famille, la gestion de l’enfant à naître paraît plus évidente.

Finalement, pour les autres personnes, qui ne sont, ni des hommes cis, ni des femmes cis provenant de milieux aisés, il est plus difficile de comprendre pourquoi iels s’opposent à l’avortement. Iels ont certainement des raisons internes et personnelles qui définissent leur façon de penser. Et en soit, il n’y a pas de mal à cela. On peut très bien être pour ou contre quelque chose, tant qu’on n’empêche pas les autres de vivre leur vie sereinement.

7- C’est en rebondissant sur cette idée que j’appuierai mon point suivant. Nous avons tou/tes le droit d’avoir une opinion sur un sujet. En revanche, cette opinion ne peut pas nuire à la liberté d’autrui.

Par exemple, si je n’aime pas le chocolat, je n’en mangerai pas. Je n’en achèterai pas. Et puis c’est tout. Je ne vais pas dépenser du temps et de l’énergie pour faire retirer les produits chocolatés des magasins de ma région. Je ne vais pas créer une pétition pour que ma ville interdise la vente ou l’achat de chocolat. Ce serait stupide de priver les personnes qui aiment le chocolat de ce produit. Pourquoi dépenserais-je mon énergie ainsi, quand je pourrai l’investir dans autre chose ?

Et bien l’avortement c’est comme le chocolat. Si on n’aime pas l’idée, et bien on ne le fait pas pour soit, et puis c’est tout.

Les êtres humains sont naturellement complexes et différents. On ne pourra jamais les mettre d’accord sur quoi que ce soit, rien n’est universel. Et c’est très bien comme ça ! Mais respectons les différences d’opinion des autres. Vivons selon nos principes, sans forcer les autres à vivre comme nous. Et tout ira pour le mieux.

8- Si on veut vraiment mener une politique pour réduire le nombre d’avortements, il faut se donner les moyens pour réduire les grossesses non-désirées

Un gouvernement pro-vie, qui souhaiterait réduire le nombre d’avortements réalisés chaque année dans son pays, ne doit pas interdire l’avortement, mais donner les moyens à ses concitoyen/nes de se protéger contre les grossesses non-désirées.

Mener une politique de réduction des grossesses non-désirées passent par la mise en place de diverses solutions, à différentes échelles :

Apporter une éducation sexuelle obligatoire aux jeunes.

Il a été démontré que dans les zones où les jeunes reçoivent une éducation sexuelle, le taux de grossesse non-désirée chez cette population jeune diminue. Il n’y a pas de secret, quand on comprend comment fonctionne l’appareil reproducteur et qu’on connait les moyens de se protéger des MST et des grossesses, on peut se protéger activement et ainsi éviter des grossesses non-désirées.

Rendre les méthodes contraceptives accessibles à tou/tes.

Connaître les différentes méthodes de contraception c’est bien, mais si on n’a pas les moyens de se les procurer, le problème reste entier. Rendre les moyens de contraception gratuits permettrait de les rendre accessibles à tou/tes celleux qui en ont besoin.

Soutenir la recherche autour de la contraception.

A travers la diversité de moyens contraceptifs qui existent aujourd’hui, la majorité sont à destination des personnes à utérus (alors que rappelons le, iels ne sont fertiles que quelques jours par an) et aucun de ces moyens à cours terme (on exclue ici la contraception définitive) ne sont efficaces à 100%. Chaque être humain/e est unique et son corps réagi de façon unique également.

Une contraception peut être efficace sur une personne et complètement inefficace sur une autre. De même, qu’une méthode peut être très adaptée pour quelqu’un et pas du tout pour quelqu’un d’autre. Enfin, les effets secondaires peuvent être inexistants sur une personne et très dérangeants pour une autre. Parce que chaque humain/e est unique et possède un mode de vie unique, il est important de développer la recherche autour de la contraception. Dans le monde, on décompte actuellement une quinzaine de méthodes contraceptives différentes, pour presque 8 milliards d’êtres humain/e. Faire plus de recherche pour découvrir plus de méthodes efficaces, c’est donner la possibilité à chacun/e de trouver la contraception qui lui convient le plus. De plus, si la charge contraceptive était partagée, l’efficacité contraceptive serait dupliquée. Par exemple, dans un couple où deux partenaires utiliseraient une contraception régulière, un oubli ou un problème médical ou biologique chez l’un, serait pallié par le fait que l’autre partenaire se contracepte également. Réduisant ainsi drastiquement le nombre de grossesses non-désirées sous contraception.

Etendre la vasectomie et la conservation de gamètes.

Une idée plus drastique pour terminer, mais finalement de même niveau que l’interdiction de l’avortement. Dans un monde idéal, si on veut zéro avortement dans son pays, alors on veut zéro grossesse non-désirée. Et quelle est l’unique solution pour cela ? La vasectomie systématisée de toutes les personnes à pénis, avec conservation de gamètes qui soit prise en charge par l’état. Si chaque porteur/se de pénis se fait stériliser, iel pourra profiter pleinement de sa vie sexuelle avec saon ou ses partenaires sans se soucier de grossesses non-désirées. Lorsque le moment sera venu, pour ces personnes, de faire le choix de devenir parents, iels pourront accéder à leur stock de gamètes pour procéder à une fécondation, et donc une grossesse 100% désirée.

Mais même dans le meilleur des mondes, la vasectomie systématisée ne permettrait pas d’éradiquer l’avortement. En effet, les parcours de vie font parfois qu’une grossesse désirée au départ, peut ne plus l’être après quelques temps. En cause, soit un changement de vie brutale pour les futurs parents (séparation, imprévus financiers, etc), soit un imprévu médical (développement d’une maladie dangereuse pour lea porteur/se et le foetus, non viabilité du foetus, découverte d’une maladie génétique chez le foetus, etc). Il n’y a donc pas de solution miracle, et nous ne vivons pas dans le monde des Bisounours.

L’avortement est et restera une nécessité sociale.

Plutôt que de l’interdire, il faut l’accompagner et mettre en place des moyens, pour permettre de réduire le nombre de grossesses non-désirées, via la prévention et la recherche. Car ne l’oublions jamais, l’avortement n’est jamais utilisé comme un moyen de contraception, il est toujours une solution d’urgence pour celleux qui n’ont pas d’autres possibilités.

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